dimanche 2 février 2014

#pourtantquelamontagneestbelle#


En sortant de la voiture.
Il fait jour, déjà, mais l'aube est encore debout et le ciel encore rosé.
Doux, pour un hiver.
Et l'arc-en-ciel se dessine pour qu'on fasse des vœux.
(Un vœux, ça ne se dit pas si on veut qu'il se réalise)

J'ai perdu du temps pour des broutilles, j'ai couru pour des bébés, et j'arrive essoufflée.
Je me mute en schtroumpfette, il est tard un peu, les dosimètres sont en grande partie de retour sur le tableau, je me dis qu'il n'y a plus grand monde dans les salles stériles.

Docteur D. me regarde du coin de l'œil, derrière l'ampli en place, et je le reconnais à ses lunettes plombées.
On est de la même date d'anniversaire, lui et moi, et je ne sais pas si c'est un signe distinctif commun, mais on aime travailler en musique.
Bon, sauf que lui, c'est Nostalgie.

En le regardant, je me dis que c'est un peu du bricolage, au fond.
Il est question de vis, de clous, de plaques, de broches, et de drôles d'instruments, tout un éventail pour le choix du Roi.
Et, sur les placards des sas, les schémas soignés pour les curieux comme moi.

J'y suis bien, j'aime bien bosser avec Docteur D., je sais qu'il m'aime bien, et y'a toujours des jolies choses à voir, on en parle en rigolant.

Et puis d'un coup, la voix de Jean qui me rappelle celle de mon grand-père; les larmes qui montent, je me fais toute petite rikiki sur ce foutu tabouret, si je pouvais m'éclipser je le ferais volontiers, mais seulement voilà, ils me demanderaient le pourquoi du comment, et je n'en ai pas envie.
Mes lèvres s'agitent sous le masque pour débiter silencieusement les paroles que je connais par cœur à force, ben oui voyez-vous, 25ans que je l'entends de sa voix aux grandes fêtes de clan, 25ans qu'on la reprend tous en cœur devant nos assiettes saucées, y'a de l'entrainement.
Ces quelques minutes me semblent interminables, un vrai supplice; je ne vois même plus les écrans, je ne sais pas si ça va, mais ça a l'air d'aller pour eux parce qu'ils ne me disent rien, toutes mes pensées sont vers lui pendant que je me concentre sur le poignet à radiographier.
Gymnastique de l'esprit pour ne pas s'appesantir sur un deuil qu'il me reste à finir.

Je n'aime pas la montagne.
J'ai toujours préféré la mer.

#pourtantquelamontagneestbelle#





 

 
 
 

 
 

1 commentaire:

  1. Moi j'aime la mer et la montagne. Et tonton Gaby qui me manque aussi...
    Bisous cousine la vie continue

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