vendredi 27 février 2015

#làoùjenousailaissés#



Il y a d'abord l'idée.
L'envie de prendre l'air, l'impression d'étouffer, c'est vital, c'est un réflexe, reprendre sa respiration quand on l'a perdue.



Il y a ensuite l'hésitation.
Où? Quoi? Comment?
Et puis.. là? maintenant?



Et puis on se décide.
Allez, il est temps, encore un peu et je bois le bouillon.



En conduisant, se dire qu'il en faut bien des chichis pour tout ça.


Et puis faire le tour.
Le tour de plage. Le tour sous la pluie. Le tour de la question. Et des autres aussi.
Le tour de soi, de sa tête, de ces idées qui volètent partout et se collent ou se cognent aux parois.
Ca fait pas mal hein. Ca chamboule juste.

C'est peut être ça, le problème.
Ca cogne pas assez fort, ça fait pas assez mal, ça laisse pas de trace. Juste des cernes.



Et puis soudain...
La lassitude.Grise comme le ciel. Froide comme la pluie qui nous trempe.
Une envie de liberté, de s'envoler avec ce vent qui souffle là dans les cheveux, qui coupe le souffle, bloque la gorge et la respiration.



Et puis soudain...

Plus rien.
Calme plat dans cet air qui s'agite trop fort, qui cingle et qui trempe.
C'est fini.
Malgré les bourrasques, les vagues et la boue.
On a trop laissé s'immerger les berges et aujourd'hui, on voit plus rien.


Alors j'ai tout laissé dans ce sable.
Les souvenirs qui ne retiennent plus rien, les colères qu'on dégueule de rage, les flammes éteintes qu'on a noyées.


J'avais déjà trop pleuré.


#làoùjenousailaissés#
































 

mardi 24 février 2015

#roadtrip#


Allez, je lui dis, viens, on se fait la malle.



J'ai eu peur qu'il m'explose entre les doigts.




Pas trop loin, juste de quoi respirer un peu autre chose.
Alors il a dit oui.




On a roulé sous la pluie, on a goûté-déjeuné sur ce port si joli.
Tu vas voir, je lui dis, il pleut, ça va s'arrêter, et quand on aura fini il va se remettre à pleuvoir.


Et il s'est mis à repleuvoir.




On est allés sur la jetée, jusqu'à la plage. Parce que faire la route sans voir la mer, ça aurait été bien dommage quand même.
Clic clac hop.
Et mes bottes dans les flaques de la mer retirée; et mes bottes dans les dunes; et ce joli petit coquillage dans la main.


J'ai envie de lui raconter cette histoire que j'aime, quand j'étais petite, chaque été au bord de la mer je trouvais un galet en forme de cœur que je ramenais dans ma région parisienne grise, et que j'ajoutais aux autres. C'était un peu comme un rituel. Une grande collection de cailloux que je glissais dans le toit de ma (vraie) maison de poupée en bois.
La cachette des mille trésors.




Oui, j'aime ramener des souvenirs de ces moments-là.

Il faut que ça reste, ça s'encre dans la tête mais la mémoire est facile et, vite, oublie. Noie sous d'autres souvenirs. Il faut aller rechercher loin, après.
Et il est de ces moments qu'on aime garder à portée de mains. Ou d'yeux.


Faire une boucle en passant par deux chemins différents. Parce que c'est plus drôle.
Les mouettes sur les rambardes.
Il y a un peu de vent.


Les amoureux au parapluie.
Les flaques subtiles.
Et lui qui grimpe, on dirait un enfant. J'ai bien vu dans la voiture ses petits yeux plissés, il les avait rempli de malice; et moi, j'étais contente.


On a chanté Brel.
Ca m'a rappelé mon grand-père, j'ai eu le cœur serré, j'avais laissé un cierge dans l'église là-haut la dernière fois, je ne suis pas croyante, non, sauf quand il s'agit de parler aux étoiles, question d'éducation sûrement, y'a que là que j'y arrive, c'est un peu comme se confesser, je me confesse au cierge qui leur rapportera tout ça.
Et la flamme qui danse dans les murmures des autres.





Viens je lui dis, on va à Trouville.

Pas à Deauville, c'est trop faux. C'est à côté, mais c'est pas pareil tu vois. Deauville ça claque mais c'est du fake. Trouville c'est pas pareil. C'est plus calme.
Et on fait un tour.


C'est vrai que le casino c'est pas la même non plus, je jette un coup d'œil à mes bottes ensablées, je rigole à imaginer la tête des vigiles si on se pointait avec nos manteaux et nos looks de weekend, on s'en fout d'être beaux ou pas, c'est pas l'image qui compte au fond, c'est soi.
C'est soi vraiment.
C'est soie.


On choisit le chemin de retour au plus rapide.
Tu es fatiguée, il me dit, alors on rentre et tu pourras te reposer un peu.
Et puis, on a dans nos têtes des idées en boomerang, alors entre deux silences, entre deux temps de reprise de respiration, entre deux refrains, le voilà qui me dit "dis, tu crois qu'elle sera éclairée la cathédrale de Rouen, la nuit?"
Alors on fonce jusqu'à Rouen.
Et je me mets à rigoler à me souvenir d'une plaque chez Bagelstein qui disait:
"Si Jeanne D'Arc avait été diabétique, on aurait senti le caramel dans tout Rouen".


On est allés diner au pied, en ressortant il a fait une ou deux photos, moi c'est dans ma tête cette fois les photos, clic clac hop rangées dans ma mémoire. J'en ai plein des comme ça, les plus belles sont à la dérobée.


Et puis, dans le silence, on rentre et je me dis qu'à chaque nouvelle nuit son éternité.




#roadtrip#




(Crédit photo: usnbp)

lundi 23 février 2015

#lannéedelachèvre#

 
 
J'en avais toujours rêvé, et je me réveillais toujours trop tard.
 
Mais cette année, comme un fait exprès, là-haut ils ont décidé de me donner un coup de pouce.
Et c'est comme ça que Dimanche, j'ai pu participer aux festivités.


J'ai trainé un peu au lit, je me suis dit allez, relançons les machines, c'est drôle comme avec des SI tout repart d'un coup, et je me suis remise à la page.


Les plantes ont pris le jour sans prendre le froid, 'fallait pas les faire crever non plus, j'ai pas la main bien verte, mais par contre la main douce.
 
 
Et puis il a été l'heure.
 
J'ai pris mes cliques, j'ai arpenté les rues étrangement calmes, et puis j'ai vu au fond là-bas devant, c'était noir de monde, ils attendaient bruyamment, j'ai hésité à faire comme eux et puis en fait non, j'ai remonté l'avenue pour aller à leur rencontre, je serais bien avertie à leur approche je me dis.
Alors je me faufile d'un pas souple et décidé.


Attention aux enfants, attention aux petits vieux qui bloquent le passage, attention aux photos qu'on va couper, attention aux sandwichs qu'on manquerait de faire tomber, attention attention attention.


Et puis ils regardent tous dans la même direction, on entend des sifflets, des grelots, ça fait gling gling, c'est tout coloré, et on s'exclame comme devant un feu d'artifice.



Oh! le joli dragon!
Oh! les beaux costumes!
 
 
 
Les jolies couleurs qui invitent au voyage visuel, les masques intrigants, les dragons qui s'agitent en l'air ou à terre, les confettis lancés du char, les ados l'air bougon, peut-être qu'ils ont froid aussi, et les enfants qui lèvent leurs panneaux, je me demande bien ce qu'il y a marqué dessus, les grosses têtes qu'ils ont l'air fatigués de porter parce que ça les démange de les retirer.


Les drapeaux soyeux, le Mandarin mystérieux, les poissons volants, et puis les chèvres quand même, un peu.


Partout ça sent l'encens, partout ça pète pour éloigner les mauvais esprits, c'est comme si la rue se purifiait, ça fait du bien à la tête de se dire qu'au moins émotionnellement on fait air neuf.


Du rouge partout pour le Bonheur, et puis des gens partout pour la curiosité, des photos partout pour les souvenirs, pour le partage.


Les lampions rouges au vent, et dans les vitrines les petits chats porte-bonheur qui agitent la patte.
 
 
 
 
Bonjour les biquettes, tâchez de pas trop nous faire tourner chèvres...

#lannéedelachèvre#