En rentrant du boulot, il fait encore jour.
Pour une fois...
Alors hop hop hop, je file dans ma pomme verte, hop hop hop les dos d'âne, hop hop hop la grande montée, tiens, je récupère la grand-mère qui part à la poste, hop hop hop le temps d'attraper l'appareil et nous voilà parties.
En vadrouille.
Par dessus le mur, le château au loin. Les arbres effeuillés qui dessinent de la dentelle dans ce ciel bleu, et le soleil qui les dore.
Les oiseaux qui volètent au-dessus de l'église, l'église froide où on lui a dit au revoir il y a un an, et puis ils s'alignent sur le toit, et le clocher reste silencieux.
Les rues prennent un air de printemps précoce.
Les voitures vont vite, et le trottoir n'est pas bien large, je sursaute un peu des fois, on marche on marche, on passe le petit pont, et puis la lumière a tourné, s'est apaisée un peu, alors on rentre gentiment, il fallait juste poster la lettre et prendre un peu l'air.
Je me dis vivement la bronzette dans le jardin.
En bas de la (grande) côte (raidoche), elle me dit oh tiens, on va faire le tour hein, histoire d'y aller tranquilou, et puis voilà que Mickey nous attend au loin, ça me rappelle quand on était petits, dans la voiture, les parents nous demandaient toujours "alors, on va voir Mickey?" et nous derrière à brailler ouiiiiiiiiiiiiii Mickey!! Mickey!!
et en passant hop, en tournant la tête y'avait même le Dalmatien, et on était contents, et on arrivait chez les grands parents en souriant.
C'était le début du weekend, ou des vacances, et c'était la fête.
Mickey est toujours là, prêt à serrer la main, et Pongo attend toujours sur sa porte rouge.
J'en suis presque rassurée, tout est encore là.
Il y a toujours le bordel, derrière les grilles rouillées.
Et la grande maison qui m'intriguait tant, ah mais il manque le panneau "maison piège" ou peut être "maison piégée"qui donnait tout son charme à la curiosité piquante.
Il y a toujours les pruniers dans lesquels on allait piquer les fruits pas encore murs, parce qu'on voulait faire des bêtises, mais pas des trop grosses quand même, et surtout parce que les parents avaient fait les mêmes et qu'à toute tentative de morale la réponse était logique: mais, tu l'as bien fait, toi!
Et puis le bitume qui s'efface pour aller dans les champs, et monter là-haut où on culmine le reste, de loin.
Le portillon, vieux.
Le jardin, vu sous l'angle opposé.
La maison, sereine.
Tout est là, et tout a changé pourtant.
Comme on a grandi.
Comme on a vieilli.
L'œil adulte sur le monde de l'enfance.
#aucoindelarue#
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