vendredi 13 juin 2014

#fleursd'été#


Elle me dit j'ai pas ma robe pour le mariage, tu viens avec moi m'en trouver une ?


Sans compter qu'avec ma bulle éclatée, il me faut du renouveau.
Du renouveau de fringue.
Du renouveau de tête.
Du renouveau de tout.


On a donc pris la voiture, on a commencé à fureter, on s'est engouffrées derrière les rideaux, et en deal si j'essaie tu essaies.

Me voilà donc à m'enfiler une jolie robe d'été, ça fera bien je me dis, ça fera bien je trouve, et j'imagine ce que ça donnerait avec la blouse blanche et la lourdeur de juillet-aout.
J'adore.

 

Et Miss Chloé qui joue les top modèles, je l'attends dans la robe enfilée, essaie l'autre, tu veux plus grand ? Tu veux une autre couleur ? Et puis soudain voilà la tant attendue, l'asymétrique, et quand elle ouvre elle est trop belle, on dirait un coquelicot.
Mais attention, un joli coquelicot.
De ceux qu'on voit dans les blés se balancer, en plus avec ses cheveux blonds qui rappellent le soleil... oui vraiment, elle est toute belle.

On jubile un peu, on fait genre on va réfléchir, et la vendeuse de commencer à se languir, ce serait trop simple sinon. Et on vogue.
 
Sauf que voilà, Miss Chloé en coquelicot vaut bien mieux que toutes les Miss Chloé dans n'importe quelle autre robe.

On revient donc au point de départ, et la vendeuse au loin qui jubile à nous voir revenir
Chacune son tour...

On décide de manger avant de repartir, on s'enfile un sandwich en papotant de tout et de rien, et Miss Chloé a failli arroser les robes de café.
On a cherché sa paire de pompes, parce que voilà ou on se fait réellement belle ou pas, mais nous on a décidé de se faire méga belles, ça fait tellement longtemps qu'on l'attend ce mariage, enfin eux surtout, mais moi aussi quand même, depuis mon début.
 
J'ai le cœur qui se serre un peu des fois depuis que j'ai aussi signé ma fin.
On va et vient dans les magasins, et puis au moment où on se dit qu'il faudra prévoir un plan B pour les pantoufles de soirée, je pointe du doigt des escarpins, et de dire à Miss Chloé vas-y essaie ça ne coute rien.

Ca lui a valu pas loin de 80 euros je crois, et j'ai bataillé pour éviter le collant qui fait des pieds de mémé sur les escarpins (vernis) à bouts ouverts.
On a continué avec les bijoux, parce qu'une femme sans bijoux c'est une femme dénudée, et pas question d'aller au mariage à poils quand même, bien qu'avec le bronzage j'ai un bikini tatoué sur la peau.
Et puis l'heure a tourné, on a presque tout, on a même pensé au maquillage, et Miss Chloé sera le plus joli coquelicot qui soit.


Je me suis dépêchée parce que j'étais attendue.

Monsieur Thib et Miss NaNa m'attendaient sous leur toit, et en les voyant j'ai été bien contente, un peu un soulagement, et je me suis dit vivement samedi qu'ils se disent oui.
OUI.
Oui à la vie.
Oui pour la vie.
Je crois qu'ils sont l'une des plus belles représentation de ce Oui.


Et puis j'ai traversé la campagne, y'avait le soleil sur les blés, j'ai trouvé le chemin sans problème, et revenir sur les lieux de la grande enfance, ça a été comme l'air qu'il me manquait.

J'ai respiré, on a joué du téléphone pour se retrouver, comme si c'était possible de se perdre nan mais franchement, y'a que des pêcheurs, et puis nous au bout là bas au soleil à prendre l'apéro en parlant.

En parlant de tout, de rien, de cette bulle que j'ai fait éclater et tout ce qui part en mille éclat de feu d'artifice.

Et, en levant nos verres, on trinque à nos amours. En rigolant.

C'est pas facile des fois, il me dit.
Regarde autour de toi..

Y'a les crapauds qui coassent, croa croa croaaaaaaaaaaaa...
Et ce que je vois quand je regarde, c'est l'eau, les roseaux, son chapeau et le soleil qui tombe.
Et puis les parents nous attendent, on se promet bientôt bientôt, et puis chacun sa route chacun son chemin.


Mam m'attend dans l'allée.
Elle fait des grands gestes l'air de dire mais alors qu'est ce que tu fouuuuuuuuuuuhouhouhou ???
Et Papou s'occupe de cuire la viande à la plancha.
On dine dehors, on fait le point, y'en aura pour tout le weekend, alors c'est un peu le sommaire de ce qu'on va aborder.


Et, dans la nuit naissante, le thé à la menthe le meilleur du monde.


#fleursd'été#

jeudi 12 juin 2014

#àchaqueséjoursafin#

Le réveil a piqué.
 

J'ai fermé ma valise, tassé tout bien comme je pouvais, tout bien applati, pas de bosse ni de relief pour éviter qu'ils pèsent, parce que clairement, ma petite valise ne fait pas 10kilos. Mais bien plus.

On a bu un café, la tête ailleurs. La nuit n'avait pas dû me rendre plus visible que ces derniers jours parce qu'elles semblaient n'être que deux.
Qu'importe, il est 5heures du mat' et on rentre, enfin.

Le taxi est devant la porte, y'a le moteur qui tourne, on vérifie qu'on a rien oublié, on claque la porte, si c'est oublié maintenant c'est trop tard, c'est enfermé.

Les valident roulent bruyamment sur les pavés, moi je me dis qu'à 5 heures du mat', celui qui me réveille parce qu'il fait trainer sa valise sur les carreaux, je l'étripe. Alors je porte à bout de bras.

On s'engouffre, y'a personne qui parle, je suis au milieu, on dirait que tout le monde dort mais je crois qu'en fait c'est plutôt de la boude. Allez donc savoir pourquoi…

Le hall est immense, y'a déjà une longue file d'attente, un guichet, trois destinations, on retrouve certaines têtes du début, au début y'avait l'excitation, là y'a l'empressement.

Je sais qu'en rentrant tout va changer.

On prend place, je m'isole, j'ai besoin de cette bulle.
Y'a pas de coucou d'une rangée à l'autre, y'a pas d'espoir de place à prendre ou à garder. Rien.
La musique, les mots à poser, c'était pourtant pas si mal, je me dis.
Le mensonge est une drôle de curiosité.

Non, en fait c'était moche. Ils nous vendent du rêve mais c'était moche. Oui, l'eau était turquoise. Oui, on rentre bronzées.
Mais l'île est désertique, avec des cactus et des palmiers qui ne font pas rêver. L'île est en travaux, partout, des chantiers immenses à perte de vue qui puent des relents de matériaux, de nombreuses je me suis demandé à quoi ils s'intoxiquaient.

Et puis trois..
Trois, nombre impair.
Trois fois rien. Ou trois fois plus.
Jamais deux sans trois.
Mais la troisième toujours à la traine.
Qu'importe, je me dis. On rentre.

Quand je rentre, je me mets dans le jardin pour respirer, je profite encore du soleil, pas le même bien sûr, je veux juste qu'il me morde un peu la peau.

On dit que la douleur peut aussi faire passer les maux.
Qu'est ce que ça va être, je me dis, le retour en voiture, ce loooong trajet qu'il va falloir meubler. Encore des mensonges.

Finalement, ces mensonges-là, je les maitrise.


Ca me parait moins long.

En arrivant c'est comme si de rien n'était.
Chacune reprend ses affaires, tiens, embarque les souvenirs, les soupirs et le reste, le temps est gris comme dans ma tête.

Et puis, la maison vide.
Pas de grand-mère, pas de chat, personne d'autre que moi, mes valises et ce coeur lourd.
Et, dans l'entrée, le poids qui retombe.

J'ai eu envie de chocolat, j'ai ouvert la porte du placard, en attrapant le dernier Kinder j'ai fait tomber le pot de cannelle en verre, il a roulé sur les carreaux du plan de travail, je l'ai rangé et je suis partie manger mon péché dans le canapé.

L'écran de mon téléphone neuf étaient en mille éclats.
Merde, j'ai pensé.
Merde merde merde j'ai fait tout haut.
J'ai filé dans la boutique, le regard des gens aussi terne que le temps sur ma peau caramel, et le mec derrière son comptoir qui s'amuse de mon histoire.

Et qui ne peut rien faire, bien sûr.
On est lundi.
Ca me rappelle un livre quand j'étais petite, Ce jeudi d'Octobre , on n'est pas en octobre, on n'est pas jeudi mais on est lundi, et c'est un lundi gris comme ce livre.

J'ai toujours aimé les livres.
Et, ce lundi, j'ai réalisé alors que toute ma bulle allait valdinguer.


#àchaqueséjoursafin#


mercredi 4 juin 2014

#ledernierbain#

On a remis le réveil tôt pour aller au marché.

Oui, me direz-vous, mettre le réveil en weekend et surtout en vacances, et surtout surtout deux jours de suite, quelle idée.
Oui mais voilà, on a rendez-vous pour sillonner les étals du plus grand marché de l'île, alors pas question de se louper.

On a suivi l'organisation de la veille, en prenant garde cette fois à ne pas se tromper d'arrêt de bus. Sur le ticket, le mec a inscrit Amanda Bus, suffira de guetter.

On est toujours en avance, on s'occupe toujours, et cette fois y'a pas de couple.

D'ailleurs, je me dis, je me demande comment ils sont rentrés hier.

A la place c'est un balèze tout tatoué qui débarque avec sa famille.
Ils sont tous aussi baraqués les uns que les autres, sauf ceux que je prends pour les beaux-parents, qui font tous maigres à côté des autres.
Il me demande dans un anglais patate chaude si c'est bien le bon trottoir, je dis oui oui, alors ils attendent à coté de nous.
Et puis je le vois courir courir d'un coup, ils se barrent tous d'un pas pressé pour traverser la route.

On se regarde, hé merde, on se serait encore loupées?

Je file avec eux demander au chauffeur, il me dit non non ce n'est pas moi, de l'autre coté alors? oui oui.
Je retourne, confiante, non c'est bon, il m'a dit que c'était bien là.
Et on attend.

Et puis, en voyant le bus pour le Texas Rancho, on comprend que y'a une couille dans le potage.

Il s'arrête, je lui demande pour aller à Teguise, et au moment où il me dit "no no" je vois le bus en sens inverse, avec "Teguise" indiqué dessus.

On cavale on cavale on cavale et quand le chauffeur voit nos tickets il me regarde d'un air désolé en bougeant la tête de gauche à droite.

On se rassoit, et on attend.
Patiemment.

A l'heure + 30minutes on se dit que tant pis, on prend le prochain sinon on ira jamais.

Et c'est ce qu'on fait.

Sur la route, les paysages sont lunaires, on pense aux volcans qu'on aura pas vus, tant pis on ira ailleurs.

Il y a énormément de vent, je me dis voilà je vais choper la mort, et on s'en va dans les allées.

Y'a de tout sauf du local. Enfin, pas beaucoup, juste dans un petit coin.

Il y a un souffleur de verre qui fait des boucles d'oreilles en escarpins et en gouttes.

Il y a les vendeurs de faux sacs, de lunettes et de ceintures en cuir pas en cuir.

Il y a les vendeurs de crèmes à l'aloe vera.

Il y a les vendeurs de magnets.

Il y a un peintre qui fait de belles aquarelles.

Il y a une place avec une fontaine. Les murs des bâtisses sont blancs immaculés. Et y' a des guirlandes colorées. Ca me rappelle Bayonne et ses fanions, avec Camillette.

Il y a du safran, des muffins et des omelettes au cactus, des alcools et du miel, des fromages.

Il y a des chichis trop gras et fourrés au chocolat, mais froids.

Et des fringues à gogo.

Bref, de tout.

De tout pour les touristes.

Et puis ce vent qui nous glace...

On tourne un peu en rond. Et on décide de rentrer au plus vite, par le premier bus qui viendra. Qu'il soit Amanda ou pas.

Sur la côte, le soleil s'est levé et il y a moins de vent.

On opte pour la cession transat. On s'enduit d'huile protectrice, s'agit de finir les pots pour pas les remmener. On est toutes huileuses, toutes poisseuses.

Alors en fin d'après-midi, après un dernier bain de soleil, quand le ciel se couvre de trop, on commence à aller se préparer. On se fait belles pour la dernière soirée, pour le dernier apéro, pour la paella qu'on a décidé d'aller manger le soir.

Il fait encore bien jour, il y a du soleil encore sur les vagues.
Je regarde encore une fois cette eau turquoise avant que la nuit ne me la noircisse.

On décide de dîner à l'intérieur pour s'éviter un repas en veste.
On reluque la carte et on tombe d'accord sur la paella à la viande. Une découverte.
C'est un peu long, et puis le serveur pousse une petite chariote avec un plat et des assiettes.
Un gros plat et des assiettes vides.
Qu'il remplit de riz fumant.

Les assiettes sont pleines et belles, c'est appétissant et ça sent bon.
Je me brûle la langue parce que c'est trop chaud, et nous voilà à souffler souffler souffler pour ne pas se brûler.

On en a plein le ventre, c'est trop bon et manitenant, dit Sarabinette, on a qu'à la rouler jusqu'à la location. Je rectifie: on n'a qu'à nous rouler toutes les 3 ensemble.

On décide de faire une ballade digestive.
Parce que se coucher le ventre plein comme ça, demain on la digérera encore cette paella.

Il y a beaucoup de vent, et mon petit gilet n'est pas suffisant pour la chair de poule qui me fait grelotter.
Alors je prends un peu d'avance, je me dépéche de rentrer.
Seule et fatiguée, je fais le point.

Le point sur moi, sur cette semaine et le point sur le i aussi.

Elles tardent à rentrer, je me réchauffe doucement.
Tout est prêt pour demain.

Le réveil va piquer.

#ledernierbain#

#Nemokissedme#

On a dû mettre le réveil tôt.

Mettre un réveil le weekend, et encore plus en vacances, quelle idée me direz-vous, oui mais voilà on a rendez-vous à l'aquaparc alors pas question de se louper.

On a vérifié au moins 2-3 fois qu'on avait bien tout, j'ai même retiré mon vernis pour être sûre de bien garder tous mes doigts, pas question que la bestiole m'en croque un sous prétexte que dans l'eau elle prenne ça pour un poisson.

On a cheké les contenus de nos sacs, maillot de bain de rechange, serviette, crème solaire, tout. Pour ne manquer de rien.

L'air est frisquet, ça va qu'on est bien couvertes, mais en shorts quand même, bah oui, ou on est en vacances ou on ne l'est pas. Et nous, clairement, on l'est.

On s'installe à l'arrêt de bus, on a 20minutes d'avance, avec un peu de chance, je me dis, il passera peut être un peu avant.
Enfin, c'est ce que le mec à l'agence nous avait dit.

Un couple arrive.

Les bus défilent.

On s'occupe.

Et rien.

Le couple va aussi au Texas Rancho, oui.

Non, le bus n'est pas passé.

Et je me dis à l'heure + 30minutes qu'il ne passera jamais.

OK.

Je m'impatiente, les autres aussi.

Je m'énerve, les autres aussi.

C'est quand même pas normal que ça se passe comme ça.

Je commence à remonter la rue avec Sarabinette vers l'agence touristique qui fait l'angle (et bien évidemment pas la nôtre) pour plus d'infos, et Miss FloE nous appelle soudain à mi-chemin en faisant de grands signes.

La dame en bleu et aux airs de Claudette nous propose un taxi pour 5 euros par personne.
On se regarde, on se dit oh làlà on n'aura jamais notre bisou d'otarie, trop nul trop nul, alors on accepte et on s'en va.

En arrivant c'est un peu la panique, on court on court, la nana à l'accueil n'est pas très accueillante, on fait la queue et ils nous attendent pour notre cession aqua.

On a beau lui expliquer que le bus n'est pas passé, elle nous dit que non, c'est du n'importe quoi, que les autres sont bien là.

Pas le temps de marchander de toute façon, on file avec les autres.

On écoute attentivement le mec qui nous explique bien tout dans un anglais qu'il mâchouille. Et puis à la queue leuleu nous voilà à attraper les combinaisons et les chaussons pour nager.

Il nous enfile le gilet flottant, ça fait comme un baudrier, à vrai dire c'est dingue le sex appeal qu'on a à ce moment-là.

Il nous aligne au bord du bassin, l'eau est fraiche, on est impatientes, on a ruminé ce moment toute la fin de semaine, et ça y est on y est.

Ils amènent la star, on a juste envie de nager avec lui et de faire comme Mowgli quand il s'allonge sur le ventre de Baloo.

Ils nous expliquent les exercices, y'a l'Espagnol qui mâchouille son anglais et le dresseur qui nous fait les démos. Et on s'applique tous un à un pour les photos.

Et vas-y que Nemo (prononcer "Niiimo") nous passe entre les jambes, qu'il nous fasse un câlin, qu'il nous fasse un bisou, qu'il nous pousse à l'eau, qu'il nous emmène nager (flotter serait plus approprié en fait), qu'il nous éclabousse... On est gaga devant cette grosse peluche qui fait un gros bruit.

Bon, je l'avoue, les sourires restent crispés.

Puis c'est la fin, byebye Nemo et ses clapotis, on a droit à une douche froide pour se rincer, ça va que j'ai de quoi me couvrir.

On cherche où récupérer les photos souvenirs, on tourne un peu, on finit par y arriver, et puis on regarde nos têtes.
Ca fera plaisir aux mamans.

On entame le tour du parc.

Y'a des chouettes, des cochons noirs, des chevaux, des cactus partout, et on s'arrête manger un hamburger en cours de parcours.

On tape la pose devant les tentes d'Indiens, on ouvre grand nos mirettes devant le tigre blanc, moi je trouve qu'il est pas tip top quand même ce grand matou, il a soif je dis, il a vraiment soif je crois, il a la gueule grande ouverte et la langue qui pendouille presque. Comme mes chats quand le voyage est trop long.

On guette l'heure, y'a le spectacle des rapaces.

On prend place au soleil, on attend que les autres soient installés, et ça commence.
La nana qui parle trop fort dans son micro, je ne la comprends qu'à peine, j'écoute pas trop non plus, je regarde les gens entre deux vols d'oiseaux qui nous rasent la tête, c'est surprenant et ils font ça bien.

On passe chercher les bricoles qui feront plaisir, et puis l'heure est venue de débattre nos places dans le bus retour.

C'est toujours la même nana derrière le guichet qui me réexplique que non, on ne peut pas prendre le bus.
Oui mais on a payé et tout était inclus, elle confirme, mais non.
"The bus is full". Mais qu'est ce que j'en ai à faire, moi, que le bus soit full* ou pas?

C'est alors que je sors ma phrase fétiche, celle dont les médecins aiment abuser des fois: Ce N'est Pas Notre Problème. (en détachant bien les syllabes)

Soit, au guichet: It's not our problem. En insistant bien sur les mots, pour qu'elle comprenne qu'on s'en fout, on repartira dans ce maudit bus.

Elle tamponne les billets pour les valider, me rend la monnaie du bus, et je la vois parler au chauffeur en nous désignant.

C'est quand même mal barré.

On fait la queue avec les autres, l'air de rien, et la nana (la même qui parlait trop fort pour les rapaces) nous dit "euh, vous êtes françaises?".

Pendant un quart de secondes j'ai pensé lui répondre en allemand, mais manque de bol à Lanzarote c'est la deuxième langue étrangère parlée. Alors même si elle a sorti son papier anti-sèche tout à l'heure pour les commentaires, je me dis que y'a une chance sur deux qu'elle maitrise un peu et qu'elle voie la tromperie. Ou alors prendre un air le plus innocent possible et nous faire passer pour des anglaises, mais je ne sais pas faire l'innocente.

Alors on a dit oui oui, elle nous a dit d'aller à l'accueil; j'ai fulminé parce que l'autre nana nous prenait vraiment pour des connes.

J'ai laissé Miss FloE et Sarabinette gérer le marchandage, moi ça m'a gonflé de batailler comme ça, et je pense que la nana aurait pété sa bouloche à force.
Ca serait con qu'on soit à l'origine d'une déprime professionnelle.

Elles reviennent en pressant le pas, c'est bon c'est réglé, on a le droit de monter.
Encore heureux.

Du coup personne ne dit mot au trajet retour.
Moi j'ai les tripes en vrac, je n'aime pas les conflits.

Le bus nous dépose, le soleil ne s'est pas levé, il y a trop de nuages.
Les filles tentent une séance transat, moi je reste à écrire.
J'aime me poser et aligner les mots.
La Mam dit que c'est une thérapie et que ça remplace des séances de psy. Enfin, à l'écouter, c'est ce que je crois.

Moi, je ne crois rien.
J'écris parce que je ne sais pas parler. Parce que les mots posés ne s'éparpillent pas.
Et comme ça, je suis sûre que ce n'est pas du vent.

#Nemokissedme#

#vendredigris#

Les nuages ont pris part au décor et tout semble s'acclimater au vent qui se lève.

On se dit ce matin qu'on va plutôt rester sur nos transats, il y aura moins de vent que sur la plage. Le chat nous accompagne et s'installe avec nous.

Et puis sous les nuages, on décide finalement de faire un tour.

Ayant poussé les limites, hier, de notre balade dans un sens, on décide de faire pareil de l'autre côté. Ca souffle fort jusqu'à la plage, j'ai la chair de poule, et je rigole à l'idée qu'on s'envole avec les bourrasques. Un peu comme Mary Poppins, sauf que là on n'a pas nos sacs magiques.

On découvre d'autres plages, des enfants dans les vagues agitées, on se demande comment ils font pour faire trempette, enfin en même temps ce sont des enfants et c'est bien connu, les enfants c'est magnifique, ils se baignent n'importe où, n'importe quand.

On a un peu faim, on fait du lèche-vitrine, et puis on décide de manger un bout.

Sur la terrasse les fauteuils ont des coussins, on met quand même nos serviettes pour s'asseoir, j'aime bien avoir quelque chose de familier, c'est un peu comme un plaid, c'est rassurant.

Les tartines sont bien jolies, on reluque les assiettes et on goûte les unes les autres, on compare avec gourmandise. Ma tartine au thon sentait plus la tomate.

Les enfants d'à côté écarquillent de grands yeux quand leurs glaces arrivent, avec des bonbons partout, et je me dis qu'à leur place j'aurais fait pareil.

En repartant, ils ont disposé sur un gros baril un échantillon de cocktails, ça fait joli toutes ces couleurs, ça donne une envie d'été.

On finit le tour et on se rend compte qu'en fait on est toujours dans le même quartier, qu'il suffisait juste de pousser un peu les balades et on y était.

J'ai pensé aux cartes pour les mamies. Et pour les autres aussi.

Miss FloE nous fait une jolie table d'apéro avec les ombrelles d'hier soir.

Et on trinque à une soirée de plus, à du soleil qu'on a pas eu, à l'otarie qui nous embrassera demain.

#vendredigris#