On a dû mettre le réveil tôt.
Mettre un réveil le weekend, et encore plus en vacances, quelle idée me direz-vous, oui mais voilà on a rendez-vous à l'aquaparc alors pas question de se louper.
On a vérifié au moins 2-3 fois qu'on avait bien tout, j'ai même retiré mon vernis pour être sûre de bien garder tous mes doigts, pas question que la bestiole m'en croque un sous prétexte que dans l'eau elle prenne ça pour un poisson.
On a cheké les contenus de nos sacs, maillot de bain de rechange, serviette, crème solaire, tout. Pour ne manquer de rien.
L'air est frisquet, ça va qu'on est bien couvertes, mais en shorts quand même, bah oui, ou on est en vacances ou on ne l'est pas. Et nous, clairement, on l'est.
On s'installe à l'arrêt de bus, on a 20minutes d'avance, avec un peu de chance, je me dis, il passera peut être un peu avant.
Enfin, c'est ce que le mec à l'agence nous avait dit.
Un couple arrive.
Les bus défilent.
On s'occupe.
Et rien.
Le couple va aussi au Texas Rancho, oui.
Non, le bus n'est pas passé.
Et je me dis à l'heure + 30minutes qu'il ne passera jamais.
OK.
Je m'impatiente, les autres aussi.
Je m'énerve, les autres aussi.
C'est quand même pas normal que ça se passe comme ça.
Je commence à remonter la rue avec Sarabinette vers l'agence touristique qui fait l'angle (et bien évidemment pas la nôtre) pour plus d'infos, et Miss FloE nous appelle soudain à mi-chemin en faisant de grands signes.
La dame en bleu et aux airs de Claudette nous propose un taxi pour 5 euros par personne.
On se regarde, on se dit oh làlà on n'aura jamais notre bisou d'otarie, trop nul trop nul, alors on accepte et on s'en va.
En arrivant c'est un peu la panique, on court on court, la nana à l'accueil n'est pas très accueillante, on fait la queue et ils nous attendent pour notre cession aqua.
On a beau lui expliquer que le bus n'est pas passé, elle nous dit que non, c'est du n'importe quoi, que les autres sont bien là.
Pas le temps de marchander de toute façon, on file avec les autres.
On écoute attentivement le mec qui nous explique bien tout dans un anglais qu'il mâchouille. Et puis à la queue leuleu nous voilà à attraper les combinaisons et les chaussons pour nager.
Il nous enfile le gilet flottant, ça fait comme un baudrier, à vrai dire c'est dingue le sex appeal qu'on a à ce moment-là.
Il nous aligne au bord du bassin, l'eau est fraiche, on est impatientes, on a ruminé ce moment toute la fin de semaine, et ça y est on y est.
Ils amènent la star, on a juste envie de nager avec lui et de faire comme Mowgli quand il s'allonge sur le ventre de Baloo.
Ils nous expliquent les exercices, y'a l'Espagnol qui mâchouille son anglais et le dresseur qui nous fait les démos. Et on s'applique tous un à un pour les photos.
Et vas-y que Nemo (prononcer "Niiimo") nous passe entre les jambes, qu'il nous fasse un câlin, qu'il nous fasse un bisou, qu'il nous pousse à l'eau, qu'il nous emmène nager (flotter serait plus approprié en fait), qu'il nous éclabousse... On est gaga devant cette grosse peluche qui fait un gros bruit.
Bon, je l'avoue, les sourires restent crispés.
Puis c'est la fin, byebye Nemo et ses clapotis, on a droit à une douche froide pour se rincer, ça va que j'ai de quoi me couvrir.
On cherche où récupérer les photos souvenirs, on tourne un peu, on finit par y arriver, et puis on regarde nos têtes.
Ca fera plaisir aux mamans.
On entame le tour du parc.
Y'a des chouettes, des cochons noirs, des chevaux, des cactus partout, et on s'arrête manger un hamburger en cours de parcours.
On tape la pose devant les tentes d'Indiens, on ouvre grand nos mirettes devant le tigre blanc, moi je trouve qu'il est pas tip top quand même ce grand matou, il a soif je dis, il a vraiment soif je crois, il a la gueule grande ouverte et la langue qui pendouille presque. Comme mes chats quand le voyage est trop long.
On guette l'heure, y'a le spectacle des rapaces.
On prend place au soleil, on attend que les autres soient installés, et ça commence.
La nana qui parle trop fort dans son micro, je ne la comprends qu'à peine, j'écoute pas trop non plus, je regarde les gens entre deux vols d'oiseaux qui nous rasent la tête, c'est surprenant et ils font ça bien.
On passe chercher les bricoles qui feront plaisir, et puis l'heure est venue de débattre nos places dans le bus retour.
C'est toujours la même nana derrière le guichet qui me réexplique que non, on ne peut pas prendre le bus.
Oui mais on a payé et tout était inclus, elle confirme, mais non.
"The bus is full". Mais qu'est ce que j'en ai à faire, moi, que le bus soit full* ou pas?
C'est alors que je sors ma phrase fétiche, celle dont les médecins aiment abuser des fois: Ce N'est Pas Notre Problème. (en détachant bien les syllabes)
Soit, au guichet: It's not our problem. En insistant bien sur les mots, pour qu'elle comprenne qu'on s'en fout, on repartira dans ce maudit bus.
Elle tamponne les billets pour les valider, me rend la monnaie du bus, et je la vois parler au chauffeur en nous désignant.
C'est quand même mal barré.
On fait la queue avec les autres, l'air de rien, et la nana (la même qui parlait trop fort pour les rapaces) nous dit "euh, vous êtes françaises?".
Pendant un quart de secondes j'ai pensé lui répondre en allemand, mais manque de bol à Lanzarote c'est la deuxième langue étrangère parlée. Alors même si elle a sorti son papier anti-sèche tout à l'heure pour les commentaires, je me dis que y'a une chance sur deux qu'elle maitrise un peu et qu'elle voie la tromperie. Ou alors prendre un air le plus innocent possible et nous faire passer pour des anglaises, mais je ne sais pas faire l'innocente.
Alors on a dit oui oui, elle nous a dit d'aller à l'accueil; j'ai fulminé parce que l'autre nana nous prenait vraiment pour des connes.
J'ai laissé Miss FloE et Sarabinette gérer le marchandage, moi ça m'a gonflé de batailler comme ça, et je pense que la nana aurait pété sa bouloche à force.
Ca serait con qu'on soit à l'origine d'une déprime professionnelle.
Elles reviennent en pressant le pas, c'est bon c'est réglé, on a le droit de monter.
Encore heureux.
Du coup personne ne dit mot au trajet retour.
Moi j'ai les tripes en vrac, je n'aime pas les conflits.
Le bus nous dépose, le soleil ne s'est pas levé, il y a trop de nuages.
Les filles tentent une séance transat, moi je reste à écrire.
J'aime me poser et aligner les mots.
La Mam dit que c'est une thérapie et que ça remplace des séances de psy. Enfin, à l'écouter, c'est ce que je crois.
Moi, je ne crois rien.
J'écris parce que je ne sais pas parler. Parce que les mots posés ne s'éparpillent pas.
Et comme ça, je suis sûre que ce n'est pas du vent.
#Nemokissedme#
Mettre un réveil le weekend, et encore plus en vacances, quelle idée me direz-vous, oui mais voilà on a rendez-vous à l'aquaparc alors pas question de se louper.
On a vérifié au moins 2-3 fois qu'on avait bien tout, j'ai même retiré mon vernis pour être sûre de bien garder tous mes doigts, pas question que la bestiole m'en croque un sous prétexte que dans l'eau elle prenne ça pour un poisson.
On a cheké les contenus de nos sacs, maillot de bain de rechange, serviette, crème solaire, tout. Pour ne manquer de rien.
L'air est frisquet, ça va qu'on est bien couvertes, mais en shorts quand même, bah oui, ou on est en vacances ou on ne l'est pas. Et nous, clairement, on l'est.
On s'installe à l'arrêt de bus, on a 20minutes d'avance, avec un peu de chance, je me dis, il passera peut être un peu avant.
Enfin, c'est ce que le mec à l'agence nous avait dit.
Un couple arrive.
Les bus défilent.
On s'occupe.
Et rien.
Le couple va aussi au Texas Rancho, oui.
Non, le bus n'est pas passé.
Et je me dis à l'heure + 30minutes qu'il ne passera jamais.
OK.
Je m'impatiente, les autres aussi.
Je m'énerve, les autres aussi.
C'est quand même pas normal que ça se passe comme ça.
Je commence à remonter la rue avec Sarabinette vers l'agence touristique qui fait l'angle (et bien évidemment pas la nôtre) pour plus d'infos, et Miss FloE nous appelle soudain à mi-chemin en faisant de grands signes.
La dame en bleu et aux airs de Claudette nous propose un taxi pour 5 euros par personne.
On se regarde, on se dit oh làlà on n'aura jamais notre bisou d'otarie, trop nul trop nul, alors on accepte et on s'en va.
En arrivant c'est un peu la panique, on court on court, la nana à l'accueil n'est pas très accueillante, on fait la queue et ils nous attendent pour notre cession aqua.
On a beau lui expliquer que le bus n'est pas passé, elle nous dit que non, c'est du n'importe quoi, que les autres sont bien là.
Pas le temps de marchander de toute façon, on file avec les autres.
On écoute attentivement le mec qui nous explique bien tout dans un anglais qu'il mâchouille. Et puis à la queue leuleu nous voilà à attraper les combinaisons et les chaussons pour nager.
Il nous enfile le gilet flottant, ça fait comme un baudrier, à vrai dire c'est dingue le sex appeal qu'on a à ce moment-là.
Il nous aligne au bord du bassin, l'eau est fraiche, on est impatientes, on a ruminé ce moment toute la fin de semaine, et ça y est on y est.
Ils amènent la star, on a juste envie de nager avec lui et de faire comme Mowgli quand il s'allonge sur le ventre de Baloo.
Ils nous expliquent les exercices, y'a l'Espagnol qui mâchouille son anglais et le dresseur qui nous fait les démos. Et on s'applique tous un à un pour les photos.
Et vas-y que Nemo (prononcer "Niiimo") nous passe entre les jambes, qu'il nous fasse un câlin, qu'il nous fasse un bisou, qu'il nous pousse à l'eau, qu'il nous emmène nager (flotter serait plus approprié en fait), qu'il nous éclabousse... On est gaga devant cette grosse peluche qui fait un gros bruit.
Bon, je l'avoue, les sourires restent crispés.
Puis c'est la fin, byebye Nemo et ses clapotis, on a droit à une douche froide pour se rincer, ça va que j'ai de quoi me couvrir.
On cherche où récupérer les photos souvenirs, on tourne un peu, on finit par y arriver, et puis on regarde nos têtes.
Ca fera plaisir aux mamans.
On entame le tour du parc.
Y'a des chouettes, des cochons noirs, des chevaux, des cactus partout, et on s'arrête manger un hamburger en cours de parcours.
On tape la pose devant les tentes d'Indiens, on ouvre grand nos mirettes devant le tigre blanc, moi je trouve qu'il est pas tip top quand même ce grand matou, il a soif je dis, il a vraiment soif je crois, il a la gueule grande ouverte et la langue qui pendouille presque. Comme mes chats quand le voyage est trop long.
On guette l'heure, y'a le spectacle des rapaces.
On prend place au soleil, on attend que les autres soient installés, et ça commence.
La nana qui parle trop fort dans son micro, je ne la comprends qu'à peine, j'écoute pas trop non plus, je regarde les gens entre deux vols d'oiseaux qui nous rasent la tête, c'est surprenant et ils font ça bien.
On passe chercher les bricoles qui feront plaisir, et puis l'heure est venue de débattre nos places dans le bus retour.
C'est toujours la même nana derrière le guichet qui me réexplique que non, on ne peut pas prendre le bus.
Oui mais on a payé et tout était inclus, elle confirme, mais non.
"The bus is full". Mais qu'est ce que j'en ai à faire, moi, que le bus soit full* ou pas?
C'est alors que je sors ma phrase fétiche, celle dont les médecins aiment abuser des fois: Ce N'est Pas Notre Problème. (en détachant bien les syllabes)
Soit, au guichet: It's not our problem. En insistant bien sur les mots, pour qu'elle comprenne qu'on s'en fout, on repartira dans ce maudit bus.
Elle tamponne les billets pour les valider, me rend la monnaie du bus, et je la vois parler au chauffeur en nous désignant.
C'est quand même mal barré.
On fait la queue avec les autres, l'air de rien, et la nana (la même qui parlait trop fort pour les rapaces) nous dit "euh, vous êtes françaises?".
Pendant un quart de secondes j'ai pensé lui répondre en allemand, mais manque de bol à Lanzarote c'est la deuxième langue étrangère parlée. Alors même si elle a sorti son papier anti-sèche tout à l'heure pour les commentaires, je me dis que y'a une chance sur deux qu'elle maitrise un peu et qu'elle voie la tromperie. Ou alors prendre un air le plus innocent possible et nous faire passer pour des anglaises, mais je ne sais pas faire l'innocente.
Alors on a dit oui oui, elle nous a dit d'aller à l'accueil; j'ai fulminé parce que l'autre nana nous prenait vraiment pour des connes.
J'ai laissé Miss FloE et Sarabinette gérer le marchandage, moi ça m'a gonflé de batailler comme ça, et je pense que la nana aurait pété sa bouloche à force.
Ca serait con qu'on soit à l'origine d'une déprime professionnelle.
Elles reviennent en pressant le pas, c'est bon c'est réglé, on a le droit de monter.
Encore heureux.
Du coup personne ne dit mot au trajet retour.
Moi j'ai les tripes en vrac, je n'aime pas les conflits.
Le bus nous dépose, le soleil ne s'est pas levé, il y a trop de nuages.
Les filles tentent une séance transat, moi je reste à écrire.
J'aime me poser et aligner les mots.
La Mam dit que c'est une thérapie et que ça remplace des séances de psy. Enfin, à l'écouter, c'est ce que je crois.
Moi, je ne crois rien.
J'écris parce que je ne sais pas parler. Parce que les mots posés ne s'éparpillent pas.
Et comme ça, je suis sûre que ce n'est pas du vent.
#Nemokissedme#
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