jeudi 12 juin 2014

#àchaqueséjoursafin#

Le réveil a piqué.
 

J'ai fermé ma valise, tassé tout bien comme je pouvais, tout bien applati, pas de bosse ni de relief pour éviter qu'ils pèsent, parce que clairement, ma petite valise ne fait pas 10kilos. Mais bien plus.

On a bu un café, la tête ailleurs. La nuit n'avait pas dû me rendre plus visible que ces derniers jours parce qu'elles semblaient n'être que deux.
Qu'importe, il est 5heures du mat' et on rentre, enfin.

Le taxi est devant la porte, y'a le moteur qui tourne, on vérifie qu'on a rien oublié, on claque la porte, si c'est oublié maintenant c'est trop tard, c'est enfermé.

Les valident roulent bruyamment sur les pavés, moi je me dis qu'à 5 heures du mat', celui qui me réveille parce qu'il fait trainer sa valise sur les carreaux, je l'étripe. Alors je porte à bout de bras.

On s'engouffre, y'a personne qui parle, je suis au milieu, on dirait que tout le monde dort mais je crois qu'en fait c'est plutôt de la boude. Allez donc savoir pourquoi…

Le hall est immense, y'a déjà une longue file d'attente, un guichet, trois destinations, on retrouve certaines têtes du début, au début y'avait l'excitation, là y'a l'empressement.

Je sais qu'en rentrant tout va changer.

On prend place, je m'isole, j'ai besoin de cette bulle.
Y'a pas de coucou d'une rangée à l'autre, y'a pas d'espoir de place à prendre ou à garder. Rien.
La musique, les mots à poser, c'était pourtant pas si mal, je me dis.
Le mensonge est une drôle de curiosité.

Non, en fait c'était moche. Ils nous vendent du rêve mais c'était moche. Oui, l'eau était turquoise. Oui, on rentre bronzées.
Mais l'île est désertique, avec des cactus et des palmiers qui ne font pas rêver. L'île est en travaux, partout, des chantiers immenses à perte de vue qui puent des relents de matériaux, de nombreuses je me suis demandé à quoi ils s'intoxiquaient.

Et puis trois..
Trois, nombre impair.
Trois fois rien. Ou trois fois plus.
Jamais deux sans trois.
Mais la troisième toujours à la traine.
Qu'importe, je me dis. On rentre.

Quand je rentre, je me mets dans le jardin pour respirer, je profite encore du soleil, pas le même bien sûr, je veux juste qu'il me morde un peu la peau.

On dit que la douleur peut aussi faire passer les maux.
Qu'est ce que ça va être, je me dis, le retour en voiture, ce loooong trajet qu'il va falloir meubler. Encore des mensonges.

Finalement, ces mensonges-là, je les maitrise.


Ca me parait moins long.

En arrivant c'est comme si de rien n'était.
Chacune reprend ses affaires, tiens, embarque les souvenirs, les soupirs et le reste, le temps est gris comme dans ma tête.

Et puis, la maison vide.
Pas de grand-mère, pas de chat, personne d'autre que moi, mes valises et ce coeur lourd.
Et, dans l'entrée, le poids qui retombe.

J'ai eu envie de chocolat, j'ai ouvert la porte du placard, en attrapant le dernier Kinder j'ai fait tomber le pot de cannelle en verre, il a roulé sur les carreaux du plan de travail, je l'ai rangé et je suis partie manger mon péché dans le canapé.

L'écran de mon téléphone neuf étaient en mille éclats.
Merde, j'ai pensé.
Merde merde merde j'ai fait tout haut.
J'ai filé dans la boutique, le regard des gens aussi terne que le temps sur ma peau caramel, et le mec derrière son comptoir qui s'amuse de mon histoire.

Et qui ne peut rien faire, bien sûr.
On est lundi.
Ca me rappelle un livre quand j'étais petite, Ce jeudi d'Octobre , on n'est pas en octobre, on n'est pas jeudi mais on est lundi, et c'est un lundi gris comme ce livre.

J'ai toujours aimé les livres.
Et, ce lundi, j'ai réalisé alors que toute ma bulle allait valdinguer.


#àchaqueséjoursafin#


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